Saline

Saline

Le sable blond crisse sous mes pas incertains
Et mon regard se perd dans les limbes opales
Paysage aveuglé où gémissent les embruns,
Où l’onde indécise agite ses reflets pâles
Et m’invite à l’aimer.

Quand lascive, elle retrousse ses jupons nacrés
Dévoilant à mes yeux ses appâts couleur chair
Je m’imagine être ce rocher à jamais ancré
Et sentir sa caresse perpétuelle
Lentement m’éroder.

Mû par l’envie câline d’une étreinte saline,
Je m’avance, pieds nus, dans le flux, le reflux
Puis m’abandonne à celle dont la beauté humide
Assouvit tous mes rêves d’Atlantide
Et fait divaguer mon âme
À jamais.

Affranchie

Affranchie

Absorbée dans ses rêves d’ailleurs,
Ange en apesanteur,
Elle débarrasse le plancher,
Se met en congé d’un monde querelleur
Joue les filles de l’air dans l’éther ondulaire.

Affranchie de son enveloppe charnelle,
Elle oblitère la vie ici-bas,
Laisse ses pensées vaquer et son âme divaguer
Au gré de vagues invisibles.
Elle prend l’infini en marche
Comme on prendrait un train de nuit,
Passagère clandestine d’un songe clandestin,
En route vers le Soleil levant.

Luxuriance

Luxuriance

Au changement de séquence
Où la luxure se fait luxuriance,
Le soleil noceur darde ses premiers rayons,
La nuit infanticide découpe le jour naissant
De ses insomnies en dents de scie
Veut-elle prolonger le fatidique instant?
La nature domestique, voilée de noir
S’avance en lambeaux verdoyants
Et sonne le glas des jeux nocturnes.

Dans l’antichambre de l’autel imaginaire
Où flottent des rêves inassouvis
Et la lancinance d’un silence alangui,
La fenêtre condamnée porte une croix,
Un néon pâle éclaire le néant lunaire,
La chaise rouge fait ses yeux de velours
Et empourpre le décor de son intime invite.

Naufragée

 Naufragée

Nudité originelle,
Enfantée par une mer naufrageuse,
De passage dans ce paysage penché,
Dans ce monde à marée basse,
Je me sens enfin libre, Perdue et éperdue,
J’ai bu la tasse, je refais surface,
Et me laisse aller à l’ivresse du moment,
Aux vertiges du firmament.

Curieuse de tout,
Je mets mon grain de sel dans ces grains de sable mouvants et émouvants,
De ceux qui blondissent la plage et grippent les rouages des pensées trop huilées,
De ceux qui enfouissent les châteaux.

Je rive mes rêves à cette ligne d’horizon,
A ce mirage, cette promesse de dune,
Cette quête d’absolu,
J’avance pas à pas, inexorablement, je m’enlise à peine,
Laissant derrière moi une trace éphémère que les alizés balaieront,
Rendant à mon sillage sa virginité,
J’ai envie d’infini.

Pleins phares

Pleins phares

A l’heure où ciel et mer abolissent leurs frontières, L’aube crépusculaire éclaire le phare de son halo divin Et libère les roches prisonnières de leurs rêves sous-marins.

Dans ce fantomatique décor, enfin rendu aux aurores, La digue déroule son tapis de granit, Et nous invite à une promenade astrale Vers l’édifice cracheur d’or, Vers le cierge minéral.


Funambule à l’invisible balancier, Le gardien des lieux nous a précédés. Commandeur au rituel intangible Soufflant sa bougie nocturne, Il éteint la nuit et étreint le jour.

Immobile et impassible, tous feux éteints, Le dos tourné à l’océan livide, La Chevrolet Silverado attend son heure, Prête à vrombir, Pleins phares.

Motel des Indes

Motel des Indes

Le sable blond crisse sous mes pas incertains
Et mon regard se perd dans les limbes opales
Paysage aveuglé où gémissent les embruns,
Où l’onde indécise agite ses reflets pâles
Et m’invite à l’aimer.

Quand lascive, elle retrousse ses jupons nacrés
Dévoilant à mes yeux ses appâts couleur chair
Je m’imagine être ce rocher à jamais ancré
Et sentir sa caresse perpétuelle
Lentement m’éroder.

Mû par l’envie câline d’une étreinte saline,
Je m’avance, pieds nus, dans le flux, le reflux
Puis m’abandonne à celle dont la beauté humide
Assouvit tous mes rêves d’Atlantide
Et fait divaguer mon âme
À jamais.

Mû par l’envie câline d’une étreinte saline,
Je m’avance, pieds nus, dans le flux, le reflux
Puis m’abandonne à celle dont la beauté humide
Assouvit tous mes rêves d’Atlantide
Et fait divaguer mon âme
À jamais.

Touareg

Touareg

Absorbée dans ses rêves d’ailleurs,
Ange en apesanteur,
Elle débarrasse le plancher,
Se met en congé d’un monde querelleur
Joue les filles de l’air dans l’éther ondulaire.

Affranchie de son enveloppe charnelle,
Elle oblitère la vie ici-bas,
Laisse ses pensées vaquer et son âme divaguer
Au gré de vagues invisibles.
Elle prend l’infini en marche
Comme on prendrait un train de nuit,
Passagère clandestine d’un songe clandestin,
En route vers le Soleil levant.

L'écorcé vif

L'écorcé vif

Il neigeait sur la ville grise et vétuste quand l’arbuste
bombeur de buste accrocha mon regard citadin.


Scintillant parmi les flocons en suspension, paré d’un éphémère manteau blanc, il dansait immobile et narguait les passants.


Sa beauté virginale tranchait sur la grisaille hivernale du béton ambiant, occultant les tristes façades et masquant les vomissures aux commissures des fenêtres.


Planté dans le décor, le petit arbre en voulait encore et se défiait de la métropole comme de l’entendement humain. Il dansait.


Fière brindille qu’un rien habille, le trottoir pour tout terroir et l’ozone pour toute aumône, il ne cachait aucune forêt et aucune forêt ne le cachait.


Pied de nez de la nature à la misère urbaine, sa présence insolite semblait presque illicite mais je crois qu’il s’en foutait.


Bref, il avait droit de Cité.

Le bateau ébloui

Le bateau ébloui

Ancré dans la solitude des hautes latitudes,
Un navire marchand se mire dans l’onde
Et se rêve à l’envers du monde.
Silencieux comme un apache,
Le bateau buveur de tasse fait glisser ses attaches
Et adresse au réel ses regrets éternels.
Autour de lui glissent les glaces bipolaires
Et tandis que la nuit déploie son suaire sur le vaisseau éphémère
L’arpenteur des mers lâche les rênes


Et, de joie, fait mugir ses sirènes.
Assoiffé d’aventure et de féerie,
Il vrombit sur l’océan zombie
Et met le cap, ébloui,
Vers le firmament moucheté de blanc.
A perte de vue, à perte de raison
Des horizons comme des oraisons
Et au final une destination,
L'inconnu.

Bleu gris

Bleu gris

Je rampais sur le cratère du monde,
Ce volcan apparemment éteint,
L’âme écorchée, le cœur décroché, toutes mes
flèches décochées,
Quand tu m’apparus, rêve arboré,
Arc de verdure, métaphore parfaite,
Paradoxe de l’entendement.

Du désert évitant la morsure,
Tes branches comme des éclaboussures,
D’un vert nucléaire, ton radieux nuage
Inondait les parages.

Unicité dans l’immensité,
Prenant racine dans un sol infertile,
Tu étanchas ma soif de questions,
Je me mirais à ton mirage,
A ta promesse de rivage.

Tandis que la terre bat de l’aile
Que les hommes désespèrent,
Les oiseaux migrateurs poursuivent
Imperturbables, leur transhumance aérienne
Mus par leur compas millénaire
Ils mettent les voiles vers le firmament,
Bleu gris.

L’Afrique serpente en moi

L’Afrique serpente en moi

J’avançais en solo dans la savane arborée,
Foulant la terre ocre d’une piste inédite,
Des broussailles en pagaille accrochaient mes pensées
Les faisant une à une déserter mon cockpit.
Tout en déambulant dans le décor ambiant
Vert et tumultueux comme une flore marine,
Je me laissais happer par un songe envoûtant
À mille années-lumière des rumeurs citadines.
Mes pieds nus s’enfonçaient dans le sol rougeoyant
Tandis que mon esprit désertait l’atmosphère
Convoqué par des dieux au regard foudroyant
Agacés qu’ils étaient par le cri des sorcières.
Je reprenais conscience au détour d’un virage,
Avec pour tout bagage une paix oubliée
Et si ce long chemin aux arides paysages
N’était qu’un passage vers l’amour retrouvé.

mathilde@2regards.com

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